Fraude dans le bio : les citoyens sont pris pour des ânes
Cela a fait grand bruit : les arnaques sont partout, même dans le bio.
Des trafiquants achetaient en Roumanie des produits (céréales et fruits secs) bon marché, et les importaient dans les pays européens où le bio est en vogue, dont la France. (Source : Le Canard Enchainé, 22 août 2012)
Certains consommateurs français ont acheté et consommé pendant des mois des produits qu'ils croyaient bio. Les grossistes n'y ont vu que du feu : quand les organismes de certification sont négligents, nous sommes moins bien protégés.
La véritable fraude est-elle vraiment celle que l'on croit ?
Les arnaques comme celles-ci restent heureusement rares, en effet le bio est contrôlé deux fois : il subit les contrôles conventionnels habituels de tous les produits agricoles avec en plus les contrôles bio. Cependant le bio étant synonyme de qualité, une fraude dans le bio fait toujours du bruit et les détracteurs du bio en profitent.
Le vrai problème est que le bio, à l'origine plutôt artisanal, devient industriel. Les pays du nord de l'Europe cèdent plus facilement aux pressions des industriels parce qu'ils sont moins intéressés que les Français par la nourriture et la cuisine. Le bio devient, hélas, de plus en plus industriel. Le poulet bio industriel ? Oui cela existe. Le poulet bio qui peut prendre des antibiotiques une fois par an ? Oui cela existe. Le poulet bio qui reçoit des traitements antiparasitaires ? Oui, sans aucune limite.
Les géants de l'agroalimentaire ont compris le filon : on fait du bio industriel : cela coûte moins cher, mais on a le label.
N'oublions pas qu'aujourd'hui, un producteur de volailles n'est plus obligé de cultiver lui-même au moins 40% du blé ou du maïs qu'il leur donne à manger. Il peut maintenant importer et gaver ses volailles, tout comme le réseau conventionnel.
Bien sûr, le soja, le blé ou le maïs en question est bio, mais la réglementation autorise maintenant jusqu'à 0,9% d'OGM.
Il est essentiel de bien comprendre que plus on fait en grosses quantités, plus il est difficile de contrôler, de voir la faille, de ne pas se tromper.
Concernant les légumes, l'Europe autorise maintenant la culture hors sol. On trouve donc des cultures ultra intensives… mais bio.
Conclusion : Au niveau du label bio européen il n'y a aucune différence entre la tomate cultivée en plein champ en été, et la tomate cultivée hors sol, hors saison : elles ont toutes les deux le logo AB.
Aucune différence non plus entre le poulet qui picore des vers dans un champ, et le poulet qui est gavé de soja et vit si près de ses congénères que l'on doit parfois l'ébecquer.
Comment prévenir ces arnaques ?
Ce genre d'arnaque existe partout. Comme toujours, il y a les opportunistes qui profitent d'un filon et n'ont aucun scrupule.
Souvenez-vous que l'association "Le jardin potager", qui a pour mission de remettre des potagers bio en centre ville, a du transférer son centre de production pour cause de vols par des personnes qui revendaient les fruits et légumes bio. (en savoir plus en cliquant ici)
Le meilleur moyen d'éviter les arnaques alimentaires est de connaître la provenance des produits que nous mangeons.
Je dirais même mieux : le meilleur moyen est de connaître celui qui vous nourrit : le maraîcher. La relation directe de producteur à consommateur est la garantie d'avoir des légumes locaux, de saison et vraiment sains.
Après ce premier succès du bio auprès des consommateurs qui veulent des aliments sans produit chimique de synthèse, l'objectif suivant est le maraîchage ethique.