L’homme fou brûle la terre qui le nourrit !

Le lien qui unit l’homme à la Terre est connu depuis l’antiquité, nous sommes réellement faits de ce que nous mangeons. Il suffit d’ailleurs d’observer que les mots « humain » et « humus » ont la même origine pour se persuader que cette coïncidence n’est pas due au hasard…

Cette notion de terre nourricière est présente dans toutes les mythologies. Aujourd’hui, nous ne sommes plus assez conscients du lien étroit qui nous unit au sol, comme un cordon ombilical, car toute notre nourriture en provient.

La notion de « sol vivant » se justifie dans le formidable foisonnement des êtres qui composent les 3 cm de terre arable que nous foulons sous nos pieds. Nous y recensons des milliards de micro-organismes au gramme, qui sont les principaux producteurs d’engrais azotés gratuits à partir de l’azote atmosphérique…

Les vers de terre, ces obscurs laboureurs représentent un cheptel de plusieurs tonnes par hectare. Ils brassent des quantités phénoménales de terre an pour en accroître la fertilité.

On comprend pourquoi les substances de la chimie de synthèse sont nocives lorsqu’elles contaminent tout l’écosystème.

L’homme fou brûle la terre qui le nourrit !
 

Nous sommes réellement pétris de cette terre qui nous porte et qui nous nourrit et quoique nous pensions de l’affranchissement illusoire obtenu par les technologies agro-alimentaires modernes, nous sommes indissolublement liés à cette terre-mère, à cette Gaïa-nourricière célébrée par toutes les cultures et toutes les traditions.

De tous temps, de sages agronomes ont évoqué cette mince couche fertile, ces « 3 cm d’humus » qui nous séparent de la désolation et sur laquelle se sont fondées toutes les civilisations prospères de l’Antiquité à nos jours. Elles ont cru avec la fertilité de leurs sols ; elles ont disparu après les avoir épuisés. N’est-ce pas le même scénario aujourd’hui avec les substances chimiques et l’agriculture intensive… Elles ont littéralement déshabillé les sols de leur fertilité entraînant carences et affaiblissement des êtres vivants.

Les grandes plaines agricoles d’Europe où d’Amérique du Nord perdent entre vingt et quarante tonnes par hectare chaque année, soit 8 kg de terre détruits pour 1 kg de denrée agricole produit. Ce désastre est évalué par la Cornell University de New-York à 43 milliards de dollars par an pour les seuls Etats-Unis.

La planète à perdu en 30 ans 1/3 de ses terres arables : 1 hectare passe au désert toutes les 4 secondes.

Ce désastre préfigure les tragédies sanitaires et sociales pour l’ensemble des peuples qui n’ont pas su vivre en heureuse harmonie avec leur sol.

Retour a la terre

Sursaut de sagesse, ou prise de conscience tardive, nous assistons actuellement à un basculement de tendances dans la société moderne (fin du mythe de la croissance industrielle indéfinie), car l’opinion publique prend rapidement conscience du défi environnemental auquel elle est confrontée.

Il faudrait trois planètes pour satisfaire nos désirs de consommation

L’homme fou brûle la terre qui le nourrit !
 

Pourtant ce ne sont ni la science, ni la technologie qui ont produit ces désastres, mais leur utilisation dévoyée et disproportionnée.

C’est aussi l’absence d’une conscience et d’une intelligence collective qui rend l’espèce humaine incapable de gérer solidairement ses ressources et la livre à tous ses excès.

Un proverbe africain avertit : « Quand tu ne sais plus où tu vas, retourne-toi et regarde d’où tu viens ! »

Il est indispensable aujourd’hui de redéfinir une nouvelle vision du rôle et de l’évolution de l’homme dans l’ordonnance du vivant,

  • pour la création de nouveaux champs d’action,
  • pour la réalisation d’un projet de société qui favorise l’usage éthique et cyclique de la terre et de ses ressources au bénéfice de tous les êtres vivants présents et à venir.

Nécessaires Agricultures
Paysannes

A l’échelle de la planète, nous devons retrouver le lien entre l’homme et la terre, comme l’ont ingénieusement réalisé ces peuples qui, bien avant nous, ont su vivre en symbiose avec leur milieu naturel.

Le droit pour tous à une alimentation saine, échappant aux manipulations des industries chimiques, est devenu une revendication inséparable de la lutte pour la protection de l’environnement, pour la justice sociale, pour la préservation de l’emploi et des terroirs, pour la renaissance économique des zones rurales désertées.

Les agricultures paysannes, vivrières, biologiques, sont les plus efficaces à permettre aux populations vulnérables de reconquérir leur autosuffisance alimentaire et d’assurer durablement et pacifiquement leurs moyens d’existence.

L’agriculture est au coeur des enjeux sociétaux et l’Agriculture Biologique est le fer de lance de ce défi écologique incontournable, qui rappelle que dans un organisme vivant toutes les fonctions sont interdépendantes et solidaires. Elles fonctionnent dans une homéostasie permanente.

Pouvons-nous inscrire ce principe universel de la vie dans le code fondateur des sociétés humaines ? Où devons-nous continuer d’assister impuissants :

  • à une gestion anarchique et à court terme des ressources naturelles ?
  • à la disparition de la diversité sous toutes ses formes y compris de l’espèce humaine ?

Conclusion

Nous sommes devant un choix de civilisation qui impose un nouveau de mode de vie, mais cette fois les enjeux sont sans commune mesure avec les révolutions que l’humanité a connu, car aujourd’hui c’est l’ensemble de la planète qui est concernée et pour paraphraser Al Gore : c’est le dernier virage !

Nous entrons réellement dans l’ère post-industrielle avec des perspectives révolutionnaires de transformation et de mutation de nos organisations économiques et sociales.

L’homme fou brûle la terre qui le nourrit !
 

Dans ce contexte, seule la nature aujourd’hui, offre une perspective de redéploiement d’activités et de renaissance économique, manifestement incontournable, si l’on parle de développement durable, de qualité des produits, de qualité des services, de qualité de la vie, de protection de l’environnement, de préservation des ressources, d’économie d’énergie, de sécurité, de santé, d’emploi, d’innovation… (Tous les grands chantiers politiques en cours se retrouvent de manière transversale ou convergente dans ce qu’Edgar Morin appelle une politique de civilisation).

Notre enjeu principal c’est de pouvoir agir ensemble et comprendre que nos intérêts particuliers sont d’autant mieux préservés que nos efforts s’exercent en priorité dans l’intérêt général.

Nous sommes au défi d’inventer un futur heureux dans la rareté, la sobriété et la complexité croissante.

Philippe Desbrosses