Les avantages du blé bio ancien

C'est une histoire de blé bio, pleine d'espoir, en plein essor, qui relance le débat de la nécessité d'une culture plus locale, plus résistante et plus saine.

Aujourd'hui, les petites fermes bio ne résistent pas et ferment une à une. Les seuls qui résistent sont les gros agriculteurs et la culture intensive du blé.

Quel impact pour la terre et la culture locale, les aliments sains et la santé humaine ?

Pourquoi les agriculteurs traitent-ils leurs champs ?

Les engrais et les nitrates sont enseignés à l'école. Les agriculteurs, lorsqu'ils suivent une formation, ne se posent pas la question de savoir si c'est bien ou pas, c'est la méthode, point.

Bernard Ronot a fait comme tout le monde. Il a traité son blé pendant 30 ans. Aujourd'hui, il l'affirme : "les engrais et les pesticides, c'est comme les médicaments et tout le reste : au fur et à mesure du temps, on est obligé d'en mettre de plus en plus pour obtenir le même effet". En effet, la plante s'habitue.

A-t-on vraiment un avenir ? "L'important est que chacun fasse sa propre expérience et surtout, qu'il se pose la question : qu'est-ce que je fais ? pourquoi je le fais ?" explique Bernard Ronot.

Une ferme expérimentale de blés anciens

Bernard Ronot, fondateur de l'association "Graines de Noé", a alors créé une plateforme expérimentale regroupant des variétés anciennes de blé. Le but est multiple :

  • préservation de la biodiversité
  • redécouverte d'espèces oubliées
  • meilleure qualité nutritionnelle

Sur cette ferme expérimentale, c'est la nature qui règne ! La coccinelle est l'insecticide locale : elle mange les larves et les pucerons. En plus, elle vient toute seule et elle ne se fait même pas payer !

Cette ferme permet la culture de 135 variétés de céréales anciennes qui s'adaptent parfaitement au sol et au climat du lieu. Les paysans viennent se former ici, découvrir ces variétés et choisir celles qu'ils ont envie d'essayer dans leur propre champs. La cession des graines est gratuite, à titre expérimental.

Le but est de trouver la variété la mieux adaptée à son terroir, pour une qualité supérieure et un rendement plus intéressant. Cela devient une sorte d'appellation du blé.

Cette plateforme s'adresse à la recherche. Ces graines ne supportent pas les engrais et ne sont donc pas viables en agriculture industrielle. La rotation des cultures est une méthode nécessaire pour avoir de l'azote naturel et éviter d'en ajouter.

Pourquoi cultiver du blé ancien ?

Quels sont les avantages des céréales anciennes ?

  • pas de gros besoin en azote
  • meilleures qualités nutritionnelles
  • meilleur parfum
  • plus résistantes aux aléas
  • non dépendantes des engrais de synthèse et OGM

Il est passionnant de comparer les feuilles du blé bio moderne et celles du blé ancien. Les premières sont plus courtes et plus sensibles aux aléas (la sécheresse par exemple). La plante s'arrache facilement, ce qui prouve qu'elle n'est pas très enracinée. A l'inverse, une variété de blé ancien est très enracinée et résiste bien mieux aux aléas et aux extrêmes.

Si la productivité du blé ancien est néanmoins légèrement inférieure à celle dite moderne, la diversité des variétés permet d'avoir un équilibre parfait et ainsi de mieux faire face aux conditions climatiques, de mieux résister aux aléas et aux ravageurs.

Mêler différentes variétés est un gros avantage : si l'une résiste mal au gel d'une année ou se fait décimer par des ravageurs, les autres sont toujours là, toute la culture n'est pas perdue. "Il n'y a pas d'avantage à l'uniformisation" insiste Reynald Bernard, céréalier bio.

La dépendance des agriculteurs

Les OGM sont l'exemple parfait de la dépendance des agriculteurs vis-à-vis des semenciers. Un blé OGM signifie que l'on manipule le coeur même de la cellule sans connaître les effets futurs d'une telle manipulation.

Les agriculteurs sont enfermés dans un système qui les prive totalement d'autonomie. Or, l'ouverture des marchés au niveau mondial les rend extrêmement vulnérables aux aléas du monde entier. Pour les petits agriculteurs, il est parfaitement impossible d'être compétitif face à l'industriel.

Les circuits-courts et la production locale sont les clés d'une indépendance et d'une préservation des terroirs. Il semble fondamental de développer la méthode du maraîchage éthique pour obtenir des fruits et légumes frais, qui protègent la terre et la santé.

L'exemple de la fabrication de la farine

Traditionnellement, le blé est broyé dans une meule de pierre, cette dernière ne chauffant pas. Utiliser une meule métallique fait rancir la farine. Pour fabriquer de la farine de façon industrielle, le germe est détaché avant broyage et on y ajoute ensuite des éventuels éléments nutritifs. On obtient alors une farine transformée et bien moins nutritive.

Il semblerait que les variétés anciennes soient bien mieux adaptées à la digestion. En effet, l'évolution du pain a été trop rapide pour que notre système digestif ait eu le temps de s'adapter au gluten du pain industriel (qui est finalement très récent). Les allergies et les intolérances au gluten sont moins fréquentes et moins violentes avec les farines anciennes.

Consommer du pain fabriqué à base de farine de blé ancien est un très bon moyen de conserver une bonne santé, de participer à la protection de la diversité et d'agir pour favoriser les circuits courts, de faire ouvrir des boulangeries locales et de créer de l'emploi.

Source : Vidéo Histoire de Blé