Comment redeviendrons-nous paysans ?

 

Les dernières générations de paysans (remplacés par les exploitants agricoles) habitués à travailler dur pour pas grand-chose ne sont pas renouvelées. Les générations qui suivent veulent les 35 heures, les congés payés et un revenu proportionnel à leur travail. Quoi de plus légitime !

Si nous voulons avoir dans notre « pays » des « gens » qui produisent localement de quoi nous nourrir correctement, nous devons changer nos comportements de payer les agriculteurs le moins cher possible. Le maraîchage éthique est une solution afin de faire face à la pénurie de maraîchers de proximité, qui nous fournissent des légumes frais et de qualité. Curieusement tous les auteurs qui ecrivent sur les problèmes de l'agriculture évitent d'en parler.

Aujourd’hui les consommateurs n’achètent plus un produit ou un service mais un prix. Leur seul critère de décision est « moins cher possible, voire gratuit ». Nous sommes à l’ère de la quantité et de l’obésité.

Pour satisfaire les aspirations quantitatives et pas chères, de la majorité de la population, l’économie s’oriente de plus en plus vers la production industrielle de tous nos besoins. Des usines complétement hors sol commencent à apparaitre. Il existe des premières expériences de production de viande/œufs/lait/…sans passer par les animaux. C’est certes un progrès pour la souffrance animale.

Cependant cela se fait à partir de production industrielle de matière végétale standardisées qui conduit à une disparition de la biodiversité. Et les ambitions de rentabilité sont telles que cela prend tout ce que la nature peut donner sans lui laisser le temps de se régénérer.

Face à cette majorité de consommateurs sans conscience, les Etats, bien qu’ils soient informés, ne peuvent inverser la tendance vers le toujours plus au détriment de la nature et la biodiversité.

Heureusement une partie de la population prend conscience du danger et revendique le droit de se nourrir avec des produits naturels tout en respectant la nature. Néanmoins ces personnes ne réussissent pas à rémunérer correctement tous les vrais paysans qui travaillent plus de 50 heures par semaine pour moins que le smic, en supportant les aléas climatiques.

Nous lançons un appel à tous les ménages qui ont la chance d’être aisés (revenus net supérieur à 2000 € pour 35 heures) de payer le juste prix (5 euros en moyenne le kilo de légumes **) afin de soutenir nos paysans, sans quoi les anciens disparaissent et les nouveaux arrêtent au bout de quelques années, désespérés de ne pas avoir de vie de famille, ni de quoi vivre au même niveau que leur concitoyens qui travaillent dans des usines ou des bureaux.

Nous lançons un appel afin que les mécènes, particuliers et fondations remplacent le mécénat du genre Picasso ou Vélasquez, vers des œuvres plus utiles pour l’humanité actuelle et future. La biodiversité a besoin d’aide car elle ne peut plus etre financé par des activités commerciales, ni par les fonds publics. Il est urgent de créer partout des conservatoires vivants avec des paysans locaux qui entretiennent, préservent, sauvegardent la diversité des plantes de nos terroirs.

 

(**) c’est le prix à payer pour que nos paysans gagnent correctement leur vie pour un travail dur par tous les temps